Je vais mettre la suite, dîtes ce qu’il ne va pas pour que je puisse modifier, merci.
Je me réveillai ensuite dans mon lit. Je pensai d’abord que c’était un rêve, puis regardai le calendrier sur la porte de ma chambre. Chaque matin, ma mère barrait les jours passés. J’oubliais tout le temps de le faire. Je me figeai en regardant la date. Cela faisait trois jours que je m’étais endormie. Je pus constater que je tremblais malgré moi, comme si mon corps avait subi quelque chose et que je n’étais au courant de rien. Je partis de la pièce, lentement, sur mes gardes. J’examinai le couloir, en ne trouvant personne. L’horloge à côté des escaliers indiquait midi moins dix, à peu près. Mes parents travaillaient, à cette heure. J’étais donc seule pour un bon bout de temps. Je changeai d’étage, entrant dans la salle à manger. Rien qu’une grande table de la même couleur que l’entrepôt. À ces souvenirs, je sursautai. Je vacillai pendant un moment avant de reprendre mes esprits. Je regardai les photos de famille que nous avions tentées. À chaque fois, mon frère faisait le pitre. Demain, il aurait sept ans. La différence d’âge entre lui et moi était énorme. Dix ans, ce n’était pas rien.
— Colin ?
Je me frappai ensuite la tête en me rappelant qu’on était Jeudi. Il avait école. J’étais censée y aller, moi aussi. Je me refrappai la tête en me rappelant cette fois que c’était mon anniversaire. J’avais dix-sept ans. Nos anniversaires étaient collés l’un à l’autre. Moi avant lui. Je me dirigeai vers le salon, en le trouvant propre, comme d’habitude. À la cuisine, je trouvai une bonne tonne de médicaments. Sur chaque boîte, il était marqué « pour Amy ». C’était à coup sûr ma mère qui avait écrit ça. Mon père s’entêtait à m’appeler Amélia. En plus, sans vouloir le vexer, elle écrivait mieux que lui. Une enveloppe était posée près d’un vase rempli de belles fleurs. « Pour Lia quand elle se réveillera », le mot de mon frère. C’était touchant. Il m’avait dessiné. Colin était le plus grand artiste que j’avais connu. Plus grand que Van Gogh lui-même. Il l’avait fait en noir et blanc. Il trouvait que ça accentuait les traits du visage. Il m’avait fait avec mon écharpe préférée. Il me connaissait si bien. Je me demandai ce qui m’était arrivée. Pendant un instant, je pensai appeler mes parents, mais je me ravisai. Ils avaient sûrement des réunions. Ou un procès. Ma mère était avocate, mon père travaillait à l’administration. Des métiers importants pour des gens importants. Cela assurait ma popularité. Avec presque tout le monde. Philipe et sa bande étaient les seuls à ne pas m’aimer. Je n’avais plus qu’à attendre Chloé, ma meilleure amie. Elle finissait à seize heures, Jeudi. Je m’efforçai de quitter la maison tout en ayant une idée folle. Et si l’entrepôt existait vraiment ? La route était bien vague dans ma tête, mais j’avais une excellente mémoire. Je remarquai sur le sol encore des gouttes d’eau. La tempête venait de s’arrêter. Je n’avais pas pensé une seule seconde que les passants me regarderaient bizarrement. Après tout, j’étais en pyjama. Je me pinçai les lèvres à chaque fois que je me trompai de chemin. Parfois, des flashs back revenaient dans mon crâne.
Je m’aperçus que je n’arrêtais pas de cligner des yeux. Une poussière dans l’œil. Ce n’était pas ça. Je retirai avec stupéfaction un peu de sang séché. Je n’avais pas songé à me regarder dans le miroir. Peut-être que tout le monde me prenait pour une meurtrière. Il y avait une preuve que j’étais allée dehors pendant la tempête. J’étais enrhumée. Je ne me baladais jamais à pieds nus chez moi et je n’avais pas ouvert ma fenêtre.
Je restai droite et digne en marchant. J’avais toujours un peu de fierté, même en pyjama. Alors je vis le panneau. Allée Bohémienne. L’entrepôt existait. Et s’il existait, je n’avais pas rêvé. Et si je n’avais pas rêvé, pourquoi étais-je partie de chez moi et surtout, pourquoi je ne me souvenais de rien ? Je grimaçai à chaque pas. Mes chaussons étaient légers, ce qui me laissait croire que je marchais à pieds nus sur le gravier. J’allais avoir des ampoules. Je constatai que mes cheveux étaient gras, et que je les avais lavés le jour du rêve. J’écarquillai les yeux en voyant l’entrepôt. Il n’était pas très beau, à l’extérieur, du moins. J’entrai d’un pas hésitant. Je restai perplexe en regardant toutes les caisses qui traînaient. En trois jours, il y en avait eu, du changement.
Je sursautai en entendant quelque chose tomber. La respiration sifflante, de crainte qu’on me repère, je m’accroupis derrière une caisse en bois. L’inconnu était dans mon dos. Je n’aimais pas ça. Je faisais de mon mieux pour ne pas respirer trop fort et ne pas faire trop de gestes brusques. À ce moment précis, j’eus envie d’éternuer. Je mis ma main devant un mon nez, respirai un peu plus fort et levai la tête en arrière. J’écrabouillai mon nez de toutes mes forces. J’expirai en sentant le moyen de me faire prendre s’envoler. Après, j’eus le hoquet. Alors là, je sentis que les ennuis ne faisaient que commencer. Un homme était apparu derrière moi. Son ombre n’indiquait rien de bon. Je bloquai ma respiration pendant vingt secondes et espérai qu’il ravalerait sa curiosité. Ce n’était malheureusement pas mon jour de chance. Il a bougé la caisse derrière laquelle j’étais cachée. Il était tellement surpris de ma présence que j’eus la chance de m’enfuir.
— Excusez-moi, je me suis trompée d’adresse. Je ne ferai plus la même erreur. Salut !